Le gaz est-il plus cher que l’électricité aujourd’hui ?

La question du coût comparatif entre le gaz et l'électricité est au cœur des préoccupations des consommateurs français. Dans un contexte de transition énergétique et de fluctuations des prix de l'énergie, il est crucial de comprendre les dynamiques qui influencent ces tarifs. L'évolution des marchés énergétiques, les politiques gouvernementales et les avancées technologiques jouent un rôle déterminant dans la formation des prix. Alors que les ménages et les entreprises cherchent à optimiser leurs dépenses énergétiques, une analyse approfondie des coûts actuels et des tendances futures s'impose.

Analyse comparative des coûts du gaz et de l'électricité en france

Pour comprendre la structure des prix énergétiques en France, il est essentiel d'examiner les composantes qui influencent les tarifs du gaz et de l'électricité. Les coûts de production, de transport et de distribution, ainsi que les taxes et les marges des fournisseurs, sont autant d'éléments qui déterminent le prix final payé par le consommateur.

En 2025, le paysage énergétique français présente une situation complexe. Le prix moyen du kilowattheure (kWh) de gaz naturel s'établit autour de 0,11 € TTC, tandis que celui de l'électricité avoisine les 0,20 € TTC. Cette différence significative pourrait laisser penser que le gaz est systématiquement moins onéreux. Cependant, la réalité est plus nuancée et dépend de nombreux facteurs, notamment de l'usage et du profil de consommation.

L'efficacité énergétique des appareils utilisés joue également un rôle crucial dans le coût final de l'énergie consommée. Par exemple, une chaudière à gaz moderne à condensation peut atteindre un rendement supérieur à 90%, tandis qu'un radiateur électrique convertit presque 100% de l'électricité en chaleur. Ces différences de rendement peuvent compenser en partie l'écart de prix entre les deux énergies.

Facteurs influençant les prix du gaz et de l'électricité

Impact des tensions géopolitiques sur le marché du gaz

Les événements géopolitiques ont un impact considérable sur les prix du gaz naturel. Les tensions internationales, comme la crise russo-ukrainienne, peuvent entraîner des fluctuations importantes des tarifs. En 2022, par exemple, les prix du gaz ont connu une hausse spectaculaire en Europe, atteignant des niveaux historiques en raison des incertitudes liées à l'approvisionnement russe.

Ces variations brutales du marché du gaz ont des répercussions directes sur les consommateurs français, même si le gouvernement a mis en place des mesures de protection comme le bouclier tarifaire . La volatilité des prix du gaz contraste avec une relative stabilité des tarifs de l'électricité, ce qui peut influencer les choix énergétiques à long terme des ménages et des entreprises.

Évolution du mix énergétique français et conséquences tarifaires

Le mix énergétique français, traditionnellement dominé par le nucléaire pour la production d'électricité, connaît une évolution progressive vers une plus grande part d'énergies renouvelables. Cette transition a des implications sur les coûts de production et, par conséquent, sur les tarifs de l'électricité.

L'intégration croissante des énergies renouvelables, comme l'éolien et le solaire, modifie la structure des coûts de production électrique. Bien que ces sources d'énergie aient des coûts d'exploitation faibles, elles nécessitent des investissements initiaux importants et posent des défis en termes de gestion de l'intermittence. Ces facteurs peuvent exercer une pression à la hausse sur les prix de l'électricité à court terme, mais promettent une stabilisation voire une baisse des coûts à long terme.

Rôle de la commission de régulation de l'énergie (CRE) dans la fixation des prix

La Commission de régulation de l'énergie (CRE) joue un rôle crucial dans la détermination des prix de l'énergie en France. Cet organisme indépendant est chargé de veiller au bon fonctionnement des marchés de l'électricité et du gaz. La CRE propose les tarifs réglementés de vente (TRV) de l'électricité et publie mensuellement un prix repère pour le gaz naturel depuis la fin des tarifs réglementés du gaz en juillet 2023.

Les décisions de la CRE visent à assurer un équilibre entre la protection des consommateurs et la viabilité économique des acteurs du marché. Ses recommandations prennent en compte les coûts d'approvisionnement, les investissements nécessaires dans les infrastructures et les objectifs de la politique énergétique nationale. Cette régulation contribue à une certaine stabilité des prix, notamment pour l'électricité, malgré les fluctuations des marchés de gros.

Influence des quotas carbone sur les coûts de production

Le système européen d'échange de quotas d'émission de CO2 (EU ETS) a un impact significatif sur les coûts de production d'énergie, particulièrement pour les centrales thermiques fonctionnant au gaz ou au charbon. Le prix du carbone, qui a connu une forte hausse ces dernières années, se répercute sur le coût de production de l'électricité issue de ces sources.

Pour le gaz naturel, l'augmentation du prix des quotas carbone se traduit par une pression à la hausse sur les tarifs. En revanche, l'électricité produite à partir de sources non émettrices de CO2, comme le nucléaire ou les énergies renouvelables, bénéficie d'un avantage compétitif croissant. Cette dynamique pourrait, à terme, favoriser une convergence des prix entre le gaz et l'électricité bas carbone .

Comparaison des tarifs réglementés gaz et électricité

Analyse des offres d'engie pour le gaz naturel

Depuis la fin des tarifs réglementés de vente du gaz naturel, Engie, l'ancien fournisseur historique, propose des offres de marché qui s'alignent généralement sur le prix repère publié par la CRE. En juin 2025, le prix repère pour un client se chauffant au gaz (consommation annuelle supérieure à 6000 kWh) s'établit à 0,11003 € TTC par kWh.

Les offres d'Engie incluent généralement des options à prix fixe sur 1 à 3 ans, ainsi que des offres indexées sur le prix repère. Ces dernières permettent aux consommateurs de bénéficier des baisses éventuelles du marché, mais les exposent également aux hausses. La comparaison avec les tarifs de l'électricité doit donc prendre en compte cette variabilité potentielle des prix du gaz.

Étude des tarifs bleus d'EDF pour l'électricité

Les tarifs réglementés de vente de l'électricité, ou tarifs bleus d'EDF, restent une référence pour de nombreux consommateurs français. Au 1er février 2025, le prix du kWh en option Base pour une puissance souscrite de 6 kVA est fixé à 0,2016 € TTC. Ce tarif, bien que supérieur à celui du gaz, bénéficie d'une relative stabilité grâce à la régulation de la CRE.

Il est important de noter que les tarifs de l'électricité varient selon l'option tarifaire choisie (Base, Heures Pleines/Heures Creuses) et la puissance souscrite. Pour certains profils de consommation, notamment ceux qui peuvent décaler une partie de leur consommation en heures creuses, l'électricité peut s'avérer plus compétitive que le gaz, malgré un prix du kWh apparemment plus élevé.

Évolution des prix du kwh gaz vs électricité depuis 2020

L'analyse de l'évolution des prix depuis 2020 révèle des tendances divergentes entre le gaz et l'électricité. Le gaz a connu une volatilité importante, avec des pics de prix exceptionnels en 2022 dus à la crise énergétique européenne. L'électricité, bien qu'ayant également subi des hausses, a montré une trajectoire plus stable, en partie grâce aux mécanismes de régulation en place.

Voici un aperçu de l'évolution des prix moyens du kWh TTC pour un client résidentiel :

Année Prix kWh Gaz (€ TTC) Prix kWh Électricité (€ TTC)
2020 0,0684 0,1546
2022 0,0891 0,1740
2025 0,1100 0,2016

Cette évolution montre que, malgré des hausses plus marquées pour l'électricité en pourcentage, l'écart absolu entre les deux énergies s'est maintenu, le gaz restant moins cher au kWh. Cependant, cette comparaison brute ne tient pas compte des différences d'efficacité entre les systèmes de chauffage gaz et électriques.

Efficacité énergétique : gaz vs électricité pour le chauffage

Rendement des chaudières à condensation gaz

Les chaudières à condensation gaz représentent actuellement la technologie la plus efficace pour le chauffage au gaz naturel. Ces appareils peuvent atteindre des rendements supérieurs à 100% sur le pouvoir calorifique inférieur (PCI), ce qui correspond à environ 90-98% sur le pouvoir calorifique supérieur (PCS). Cette efficacité élevée permet de réduire significativement la consommation de gaz par rapport aux anciennes chaudières.

Le rendement exceptionnel des chaudières à condensation s'explique par leur capacité à récupérer la chaleur latente contenue dans les fumées de combustion. Cette technologie permet d'optimiser l'utilisation du gaz et de compenser en partie son prix plus élevé par rapport aux années précédentes. Pour un foyer équipé d'une telle chaudière, le coût réel du chauffage au gaz peut ainsi se rapprocher de celui du chauffage électrique, malgré un prix du kWh inférieur.

Performance des pompes à chaleur électriques

Les pompes à chaleur (PAC) électriques représentent une alternative de plus en plus populaire au chauffage au gaz. Ces systèmes, qui puisent les calories de l'air extérieur ou du sol, peuvent atteindre des coefficients de performance (COP) allant de 3 à 5. Cela signifie qu'elles produisent 3 à 5 fois plus d'énergie thermique qu'elles ne consomment d'énergie électrique.

Cette efficacité remarquable permet aux PAC de compenser largement le prix plus élevé du kWh électrique. Par exemple, une PAC avec un COP de 4 consommera seulement 0,25 kWh d'électricité pour produire 1 kWh de chaleur. À 0,2016 € le kWh électrique, le coût réel de la chaleur produite serait donc de 0,0504 € par kWh thermique, soit bien moins que le prix du kWh de gaz.

L'efficacité énergétique des équipements modernes redéfinit la compétitivité relative du gaz et de l'électricité pour le chauffage, au-delà du simple prix du kWh.

Coût global sur 20 ans : chauffage gaz vs électrique

Pour évaluer réellement la compétitivité du gaz par rapport à l'électricité, il est nécessaire de considérer le coût global sur la durée de vie des équipements, généralement estimée à environ 20 ans. Cette analyse doit prendre en compte non seulement le coût de l'énergie, mais aussi l'investissement initial, les coûts d'entretien et la durée de vie des équipements.

Un calcul simplifié pour une maison de 100 m² avec une consommation annuelle de 15 000 kWh de chaleur pourrait donner les résultats suivants :

  • Chauffage au gaz (chaudière à condensation) :
    • Investissement initial : 5 000 €
    • Coût annuel du gaz : 1 650 € (15 000 kWh / 0,95 d'efficacité x 0,11 €/kWh)
    • Entretien annuel : 150 €
  • Chauffage électrique (PAC air-eau) :
    • Investissement initial : 12 000 €
    • Coût annuel de l'électricité : 756 € (15 000 kWh / 4 COP x 0,2016 €/kWh)
    • Entretien annuel : 100 €

Sur 20 ans, le coût total serait d'environ 41 000 € pour le gaz contre 29 120 € pour la PAC électrique. Cette simulation montre que malgré un investissement initial plus élevé, la solution électrique peut s'avérer plus économique à long terme, notamment grâce à l'efficacité supérieure des PAC.

Perspectives d'évolution des prix énergétiques en france

Projections de RTE sur les prix de l'électricité à l'horizon 2035

Le Réseau de Transport d'Électricité (RTE) a publié des projections sur l'évolution des prix de l'électricité en France à l'horizon 2035. Ces prévisions pr

Le Réseau de Transport d'Électricité (RTE) a publié des projections sur l'évolution des prix de l'électricité en France à l'horizon 2035. Ces prévisions prennent en compte divers scénarios de mix énergétique et d'évolution de la demande. Selon le scénario médian de RTE, les prix de gros de l'électricité devraient se stabiliser autour de 50-60 €/MWh à l'horizon 2035, après une période de volatilité liée à la transition énergétique.

Cette projection s'appuie sur plusieurs facteurs clés :

  • Le développement massif des énergies renouvelables, dont les coûts de production continuent de baisser
  • La prolongation d'une partie du parc nucléaire existant et la mise en service de nouveaux réacteurs EPR2
  • L'amélioration de l'efficacité énergétique réduisant la demande globale
  • Le renforcement des interconnexions européennes permettant une meilleure optimisation des ressources

Ces projections suggèrent que l'électricité pourrait devenir plus compétitive par rapport au gaz à moyen terme, surtout si l'on considère l'efficacité croissante des équipements électriques comme les pompes à chaleur.

Impact de la transition énergétique sur les coûts du gaz

La transition énergétique aura également un impact significatif sur les coûts du gaz naturel en France. Alors que la France s'engage à réduire sa dépendance aux énergies fossiles, plusieurs facteurs vont influencer l'évolution des prix du gaz :

Tout d'abord, la diminution progressive de la demande de gaz pour le chauffage résidentiel et la production d'électricité pourrait entraîner une baisse des prix à moyen terme. Cependant, cette tendance pourrait être contrebalancée par l'augmentation des coûts liés aux infrastructures de transport et de distribution, qui devront être amortis sur des volumes de consommation plus faibles.

Par ailleurs, le développement du biométhane et de l'hydrogène vert comme alternatives au gaz naturel fossile pourrait avoir un impact sur les prix. Ces gaz renouvelables, bien que plus coûteux à produire actuellement, pourraient voir leurs coûts diminuer avec l'augmentation des volumes et l'amélioration des technologies. Leur intégration progressive dans le réseau gazier pourrait stabiliser les prix à long terme, tout en réduisant l'empreinte carbone du gaz consommé.

La transition vers des gaz renouvelables pourrait maintenir la compétitivité du réseau gazier tout en répondant aux objectifs de décarbonation.

Rôle du développement des énergies renouvelables dans la stabilisation des prix

Le développement accéléré des énergies renouvelables joue un rôle crucial dans la stabilisation future des prix de l'énergie en France. L'augmentation de la part des énergies solaire et éolienne dans le mix électrique français devrait contribuer à réduire la dépendance aux combustibles fossiles et à atténuer la volatilité des prix.

Plusieurs mécanismes expliquent cet effet stabilisateur :

  • Coûts marginaux faibles : Une fois installées, les centrales solaires et éoliennes ont des coûts d'exploitation très bas, ce qui permet de produire de l'électricité à un coût stable et prévisible sur le long terme.
  • Indépendance vis-à-vis des fluctuations des prix des combustibles : Contrairement aux centrales thermiques, les énergies renouvelables ne sont pas affectées par les variations des prix du gaz ou du charbon sur les marchés internationaux.
  • Effet de l'ordre de mérite : L'injection prioritaire de l'électricité renouvelable sur le réseau tend à faire baisser les prix de gros de l'électricité, particulièrement pendant les périodes de forte production solaire ou éolienne.

Cependant, l'intégration massive d'énergies renouvelables intermittentes pose également des défis en termes de gestion du réseau et de stockage de l'énergie. Les investissements nécessaires dans les infrastructures de réseau et les technologies de stockage pourraient exercer une pression à la hausse sur les coûts à court terme, avant que les bénéfices de la transition énergétique ne se fassent pleinement sentir.

En conclusion, bien que le gaz soit actuellement moins cher que l'électricité au kWh, l'écart tend à se réduire et pourrait même s'inverser à moyen terme. Les progrès technologiques, l'évolution du mix énergétique et les politiques de transition écologique jouent en faveur de l'électricité, notamment pour les usages comme le chauffage. Les consommateurs doivent donc considérer non seulement les prix actuels, mais aussi les tendances à long terme et l'efficacité des équipements lors de leurs choix énergétiques. Dans ce contexte en mutation, une approche flexible et une veille régulière des offres du marché s'avèrent essentielles pour optimiser ses dépenses énergétiques.

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